Il chante Puccini au bord d'une autoroute. Opera Autorouta en baskets et cagoule. Avec Le Concert invisible, le performeur Jérôme Porsperger (photo) est de tous tes endroits urbains : carrefour, pont, balcon, immeubles abandonnés... Cet ingénieur agronome est devenu un contreténor dans la ville. « J'ai envie de désacraliser l'art des musées, la musique classique et l'opéra des salles de concerts élitistes. L'art doit être en contact avec ta vie. Quand on entre dans une salle ou un musée, on est déjà déconnecté. Dans la ville, j'aime que les gens soient happés par un vent de poésie. De la Renaissance à la musique contemporaine-opéras, symphonies, pièces pour piano, clavecin- j'essaie de faire vivre ces musiques dans l’espace public qu'elles transforment. J'ai des platines, des sampling, je rajoute des sons exogènes (un avion qui passe, des enfants qui crient). Les gens sont attirés par le son qui envahit les fissures de la ville. Ils prennent et écoutent ce qu'on leur donne. Il faut arrêter de croire que Céline Dion est ta plus grande chanteuse de l’univers et que David Guetta en est le plus grand DJ. » A 32 ans, Jérôme prépare un tour du monde et cherche un sponsor. « Un carrefour à Tokyo. Ça m'exciterait à mort parce qu'il y a un clash total entre le clavecin de Scarlatti et les jeunes "mangas" japonais. Il peut y avoir une rencontre. »
Mixer au balcon
Focus Vif - 06/2010