Un après-midi d'automne, au parc de Bruxelles. Quelques notes de concerto s'échappent du kiosque. Captent l'attention de passants qui, un à un, squattent les bancs placés devant. Certains rêvent, d'autres lisent ou papotent. L'ambiance est conviviale, propice à l'improvisation. Des artistes entament une chorégraphie sur le devant de la scène. Des tsiganes observent, médusés. Une paysagiste trace quelques traits. Chacun se sent interpellé, envoûté, tandis que, derrière ses platines, Jérôme distille des airs de musique classique. Rencontre avec un DJ mélomane, obnubilé et novateur.
Des chants byzantins à Klaus Nomi en passant par Chopin, le répertoire de morceaux proposés est vaste... Lorsque le CD a percé au milieu des années 80, les gens ont jeté leurs vinyls. Depuis une dizaine d'années, je sillonne les brocantes et j'ai pu acheter des milliers de 33 tours à environ un euro, des origines Ce la musique classique à l'époque contemporaine. J'explore 1000 ans d'histoire. C'est une obsession permanente j'écoute en moyenne trois quarts de musique classique pour un quart dc musique actuelle.
Pourquoi avoir opté pour la musique classique ? La musique classique évoque l'expérience humaine, elle m’a toujours aidé à résoudre des questions existentielles. C'est un guide. Je n'ai pas eu de crise d'adolescence... grâce à elle, je crois ! Mon premier disque est le concerto pour violon de Brahms, découvert à 15 ans et écouté des centaines de fois, en boucle. Puis j'ai découvert les dernières sonates pour piano de Beethoven : une révélation... La musique classique est très riche et inépuisable. Son histoire compte une trentaine de génies, en tête desquels on trouve Bach (pour le baroque), Mozart (classique), Beethoven (romantique). Aujourd'hui, j’écoute beaucoup et je sélectionne très vite.
D'où l'idée des « Concerts Invisibles » ... ? J'ai commencé par faire écouter des morceaux à mes amis puis j'ai eu envie de les faire découvrir à un public plus large, dans différents lieux et en les associant à des images, du texte, de la danse... Pour chaque musique, j'inscris sur un tableau noir le nom de l'œuvre et le compositeur. Depuis février j'ai mixé au Kan'H, les dimanches après-midi. Les mois d'août et septembre, c'était au Parc Royal, sous le kiosque...J'ai aussi mixé quelque fois chez des privés.
L'originalité du concept tient, en partie, au choix du lieu... Pour casser les a priori de musique « élitiste », je cherche à investir l'espace public mais aussi des lieux conviviaux comme des bars ou des théâtres. En mai, j'étais au Quai des Péniches et quatre danseurs ont improvisé, au Parc royal, ça se passe très bien aussi et j'ai envie de continuer l'expérience en hiver, sous la neige, qui sait ? Je vais aussi mixer aux Tanneurs, pour les après-spectacles au KultuurKafé de la V.IJ.B. ou lors de la réouverture du Beursschouwburg, en février, Autres projets ? Avis aux artistes, j'aimerais peu à peu associer d'autres influences et disciplines artistiques à ce projet. Je suis aussi en quête de sponsors et de partenariats. La Médiathèque de la Communauté française pour- rait d'ici peu me fournir en CD... Rencontrer et rassembler des gens aux horizons variés pour dépoussiérer la musique classique, voilà ce qui est prévu !
Concerts Invisible, Dimanche à Bruxelles
KISOK Magazine - 11/2003